Melik Baratian, Maille Way
Nitto Knitwear dans Le Goût de M du magazine M le Monde
Quand il était enfant, Melik Baratian aimait jouer à cache-cache avec sa sœur, Léa, parmi les piles de cartons, les grandes bobines de fil de laine et les machines à tricoter de l’atelier de maille familial. Aujourd’hui, c’est son fils de 5 ans qui a pris le relais, dans ce même entrepôt de création textile spécialisé dans les pulls en laine, à Clamart, près de Paris.
Dès les années 1920, cette ville des Hauts-de-Seine et les communes avoisinantes ont été les points de chute d’exilés arméniens, qui y ont distillé, entre autres savoir-faire, l’art de tricoter. « C’est mon grand-père qui a créé cet atelier en 1972, à une
époque où il y avait plus de 250 entreprises de tricot dans la banlieue sud de Paris », explique Melik Baratian. Son père, Jean-Marc, prend la suite, et développe une ligne de maille pour femmes, estampillée Tricots Jean Marc. Ici, les employés (une quinzaine actuellement) font presque partie de la famille. Certains sont là depuis près de quarante ans, ils ont connu le père, puis le fils, qui s’est investi pleinement dans l’entreprise familiale à partir de 2011, après ses études en école de commerce, avant d’en prendre la direction, en 2022.
Aujourd’hui, l’atelier de tricot des Baratian est le dernier encore en activité à Clamart… C’est à la faveur d’une commande importante d’un distributeur japonais, en 2016, que l’idée de lancer une gamme de pulls pour homme a fait son chemin dans l’esprit de Melik Baratian. Un projet souvent évoqué par le passé, et toujours mis de côté. Ainsi naît Nitto Knitwear, en 2022 : « En japonais, cela veut dire “tricotage”, tout simplement. » Entièrement imaginés puis fabriqués dans l’atelier de Clamart, les pulls masculins prennent vie selon les envies de Melik et de ses équipes. « Nous ne développons pas beaucoup de modèles par saison, mais quand nous arrêtons notre choix sur un pull, nous y passons énormément de temps. Notre volonté est qu’il soit encore là dans vingt ans, aussi bien dans les collections que dans le vestiaire des clients… », explique le jeune entrepreneur. « Le pull est avant tout une pièce fonctionnelle, il faut qu’il tienne la route aussi bien au niveau de la solidité que du style, de la coupe ou de la douceur de la laine au toucher », ajoute-t-il. Les pulls et les cardigans à cinq boutons sont ainsi façonnés dans de la laine mérinos ultrafine, selon un procédé de tricotage en maille piquée bien serré. Chaque modèle est proposé dans divers coloris (marine, noir, kaki, ocre…) et formes (à col rond ou roulé, forme camionneur…). Un bonnet et une écharpe viennent compléter la panoplie.
Chaque année, 70 000 pièces sortent de l’atelier, dont 12 000 sous l’étiquette Nitto Knitwear. Le reste correspond à une gamme féminine toujours existante, sous le nom de Tricots Jean Marc, particulièrement appréciée au Japon. Vendu sur l’e-shop de la marque, et dans différents multimarques en France et à l’étranger (aux États-Unis, au Danemark, au Japon, en Corée du Sud ou en Suisse), Nitto Knitwear continue doucement mais sûrement son développement, en mettant l’accent sur la culture arménienne de la famille Baratian. « Chaque modèle porte un prénom arménien. Il y a le pull Youri, le Vasken, le bonnet Ara… C’est important pour moi de souligner nos origines », conclut Melik Baratian.
NITTOKNITWEAR.COM
L E G O Û T D E M
Texte Maud GABRIELSON
Photos Delphine CHANET